samedi 11 juin 2011

Exploitation du pétrole au Niger : CNPC au bout du carnage ?


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Politique
Samedi 11 Juin 2011 09:14
Au Niger, les premières activités de prospections pétrolières ont débuté à partir des années soixante. Outre les initiatives nationales, plusieurs compagnies spécialisées en matière de recherche et de prospection pétrolière de nationalités différentes ont passé au crible les entrailles du sous sol nigérien pour déceler la moindre trace du trésor noir. Ces compagnies ont pour noms Exon, Esso, Chevron, Elf, PETRONAS et les zones concernées par ces opérations sont essentiellement celles du Nord (Kawar) et de l’est (Manga). Il est important de souligner à ce sujet que les résultats finaux de ces recherches n’ont jamais été portés à la connaissance de l’opinion publique nationale qui était presque condamnée à vivre toujours des faux espoirs. C’est dans ce contexte marqué par un regain d’intérêt à l’échelle mondiale pour les sources d’énergie faucille et à la faveur des nouvelles opportunités qui s’offrent à lui, le Niger a décidé de redéfinir de façon radicale sa politique minière et partant, de s’engager résolument dans une dynamique de mise en valeur des ressources dont recèle son sous sol.
C’est justement dans ce cadre qu’au cours des trois (3) dernières années passées l’on note une reprise intensive d’activités de prospection des gisements de pétrole sur le territoire national. L’histoire récente du Niger, notamment celle de la période post indépendance a révélé que d’énormes moyens financiers et d’énergies ont été injectés dans ces aventures pétrolières qui ont été pour la plupart couronnées d’échec. Ainsi, les résultats de la plupart d’entre elles ont été déclarés infructueux par les compagnies en question dont les choix sont guidés par des questions de géopolitique ou de géostratégie.
Le pétrole nigérien à l’instar de ceux de beaucoup de pays du tiers monde serait considéré par les puissances économiques comme leur propre réserve destinée à palier les difficultés énergétiques qui se poseraient dans un lointain avenir.
Les Nigériens dans leur ensemble et particulièrement ceux des zones concernées par les recherches pétrolières ont une parfaite compréhension de ces subterfuges mercantilistes qui n’ont d’autre but que de mettre en veille l’exploitation et la commercialisation de leur pétrole. C’est dire que les résultats des recherches sur le terrain ne varient jamais
« Les quantités découvertes sont largement en deçà du niveau exploitable ».
Pendant ce temps, la situation économique et sociale du Niger ne fait que se dégrader fautes de ressources financières. En témoigne son classement quasi constant à l’indice du développement humain comme le pays le plus pauvre de la planète. Pour faire face à ces difficultés inhérentes au manque des moyens financiers pouvant lui permettre d’amorcer son décollage économique et combler son déficit budgétaire chronique, l’Etat nigérien s’est trouvé condamné de facto dans une posture qui le contraint à recourir à la dette extérieure et aux aides ponctuelles de la part des partenaires bilatéraux et multilatéraux du bloc occidental. Cette option qui s’est révélée inappropriée et même irrationnelle a eu pour conséquences, le surendettement du pays et une dépendance absolue vis-à-vis du système financier international.
C’est dans un contexte où tous les signaux de l’économie du pays sont passés au rouge et où les perspectives en terme de développement ne sont guère rassurantes que le Niger a trouvé à partir du 22 juin 2008, date de la signature de la convention sur l’exploitation du pétrole du bloc Agadem, un nouvel acteur réputé très pragmatique et dont la philosophie cadre parfaitement avec celle du Niger qui n’est autre qu’un partenariat gagnant gagnant.
Il s’agit de la République populaire de Chine qui, en faveur des réformes profondes opérées dans le domaine minier a décidé d’entreprendre des recherches pétrolières dans le bloc Agadem à travers la société CNPC.
Il est important de préciser à ce sujet, que le démarrage de ces recherches a suscité un réel espoir au sein des populations qui voient en cela, une solution définitive à la pauvreté ambiante et au sous développement dont souffre le Niger en général et la zone du Manga en particulier. Cet engouement populaire s’est traduit localement par un état d’esprit de fraternité et de bienveillance à l’égard des équipes chinoises. L’administration locale, les chefs coutumiers, les organisations de la société civile ainsi que les leaders d’opinion ont eux aussi marqué un réel intérêt dans le démarrage des activités de recherche en ce sens, que toutes les facilités et autres soutiens moraux leur ont été apportés.
Hélas, ce climat d’entente sera vite détérioré laissant place à un sentiment d’amertume généralisée et de frustration profonde au sein des acteurs locaux cidessus énumérés. Des signes annonciateurs d’une catastrophe écologique sans précédant, des mauvaises méthodes de travail rimant souvent avec exclusion, humiliation, sous paiement et favoritisme ainsi que des moeurs malsaines et dégradantes contre le patrimoine animal, foncier et faunique de la zone sont très vite apparus au grand jour.
Ce sentiment d’inquiétude et de déception qu’éprouvent les populations autochtones de la zone du Manga qui craignent de subir une détérioration systématique de leur écosystème ainsi que leur cadre de vie par une équipe chinoise mue seulement que par la volonté d’atteindre à tout prix son objectif, s’est développé en un temps record et a même gagné de l’espace.
Plusieurs démarches individuelles et collectives ont été entreprises par les hauts cadres de la région et la société civile pour comprendre avec exactitude les Il s’agit de la République populaire de Chine qui, en faveur des réformes profondes opérées dans le domaine minier a décidé d’entreprendre des recherches pétrolières dans le bloc Agadem à travers la société CNPC.
Il est important de préciser à ce sujet, que le démarrage de ces recherches a suscité un réel espoir au sein des populations qui voient en cela, une solution définitive à la pauvreté ambiante et au sous développement dont souffre le Niger en général et la zone du Manga en particulier. Cet engouement populaire s’est traduit localement par un état d’esprit de fraternité et de bienveillance à l’égard des équipes chinoises. L’administration locale, les chefs coutumiers, les organisations de la société civile ainsi que les leaders d’opinion ont eux aussi marqué un réel intérêt dans le démarrage des activités de recherche en ce sens, que toutes les facilités et autres soutiens moraux leur ont été apportés.
Hélas, ce climat d’entente sera vite détérioré laissant place à un sentiment d’amertume généralisée et de frustration profonde au sein des acteurs locaux cidessus énumérés. Des signes annonciateurs d’une catastrophe écologique sans précédant, des mauvaises méthodes de travail rimant souvent avec exclusion, humiliation, sous paiement et favoritisme ainsi que des moeurs malsaines et dégradantes contre le patrimoine animal, foncier et faunique de la zone sont très vite apparus au grand jour.
Ce sentiment d’inquiétude et de déception qu’éprouvent les populations autochtones de la zone du Manga qui craignent de subir une détérioration systématique de leur écosystème ainsi que leur cadre de vie par une équipe chinoise mue seulement que par la volonté d’atteindre à tout prix son objectif, s’est développé en un temps record et a même gagné de l’espace. Plusieurs démarches individuelles et collectives ont été entreprises par les hauts cadres de la région et la société civile pour comprendre avec exactitude les méthodes qui sous-tendent l’action de CNPC et de ses sous traitants sur le terrain et leurs conséquences à long, moyen et courts terme sur l’avenir socio économique et social de la zone. Il est question aussi au cours de ces démarches, d’explorer en rapport avec les pouvoirs publics et les responsables de cette compagnie des mécanismes pouvant contribuer à créer les conditions d’une entente féconde et durable et par voies de conséquence, trouver des solutions idoines à tous les problèmes qui peuvent se poser.
Au nombre des activités que le collectif prévoyait d’entreprendre, figurent en bonne place une campagne de sensibilisation des populations locales sur des thématiques ayant trait aux enjeux liés à l’exploitation du pétrole dans le Niger en général et la région de Diffa en particulier, la nécessité pour chaque habitant du Manga de cultiver un esprit de patriotisme, de solidarité, le dialogue, la tolérance, la paix etc.…
L’objectif visé à travers cette démarche est d’abord et avant tout, d’emmener les populations du Manga à éviter de tomber dans le piège du chauvinisme, de la xénophobie, de l’égoïsme, bref, dans toute attitude susceptible d’affecter l’unité de la nation, la solidarité nationale et la quiétude sociale. Le Niger étant un Etat unique et unitaire et le pétrole, une ressource nationale, sa question doit être une préoccupation de tous les citoyens du Niger. Du Manga à Téra, tout le monde doit profiter dans les proportions prévues par la loi.
Aussi, soucieux de prévenir à temps, tout risque de dégénérescence de dérapage, en 2009 un collectif des ressortissant de la région de Diffa a décidé d’attirer l’attention des décideurs au plus haut sommet de l’Etat en particulier le Président de la République Mamadou Tandja sur la gravité de la situation et voir dans quelle mesure régler tous les problèmes susceptibles de compromettre ces travaux auquel dépend l’avenir du Niger. La délégation aurait pu rencontrer le Chef de l’Etat et lui parler de la problématique liée à l’exploitation du pétrole dans la zone de Diffa en général et celle de N’gourty en particulier.
Il est important d’avouer à ce sujet, selon ce collectif de la région de Diffa, il n’a pas rencontré une oreille attentive de la part du Chef de l’Etat qui semblait être mal informé sur les vraies motivations du collectif en question. Alors, en lieu et place d’un débat serein et constructif, la délégation des acteurs concernés par la question a eu malheureusement droit à des propos frisant des menaces et autres mises en garde personnalisées de la part du Président Mamadou Tandja. Comme le commande la tradition en pareil circonstance et pour l’histoire, un mémorandum contenant l’ensemble des incriminations que les populations ont formulé lui a été transmis à la fin de l’entretien.
Ces griefs majeurs imputables à la compagnie chinoise CNPC se résument comme suit :
- Le règne de l’opacité absolue dans le recrutement des ouvriers non qualifiés ;
- La sous représentation des populations autochtones au sein du personnel non qualifié de CNPC. Moins d’une cinquantaine sur un effectif de plus d’un millier de personnes travaillant actuellement. Cela a engendré le départ en exode forcé vers la Libye de tous les jeunes candidats victimes de cette injustice .Frustrés, ils ont été contraints de quitter le pays et partir travailler en Libye dans les filiales de cette même compagnie.
- L’absence de tout cadre de concertation avec l’administration locale, les chefs coutumiers, la société civile locale et les leaders d’opinion sur les questions touchant l’avenir de la zone et les implications liées à l’exploitation du pétrole;
- L’inexistence d’une véritable étude d’impact environnemental, économique et social. Le simulacre d’étude d’impact réalisée sur la base des informations collectées ça et là à Niamey par un bureau d’étude arbitrairement coopté et payé par CNPC sur la base du principe du pollueur payeur n’ayant aucune valeur aux yeux des populations et de leurs représentants qui n’ont jamais été associés ni de près ni de loin ;
- L’absence jusqu’ici d’un plan de dédommagement des populations ayant fait l’objet d’une expropriation de leurs terres ;
- L’absence total des cadres qualifiés dans l’équipe du terrain, au niveau de la raffinerie de Zinder encore moins dans le dispositif institutionnel national chargé des questions du pétrole;
- L’absence d’une politique claire de gestion des déchets faisant accroître le danger d’une pollution des ressources en eau du sous sol ;
- La mort des plusieurs animaux (chameaux, chèvres et moutons) noyé dans le bac à boue placé à ciel ouvert ;
- Le carnage causé sur les troupeaux de chèvres par la meute des chiens appartenant à l’équipe chinoise de CNPC divagant hors de la base vie ;
- Le massacre à vaste échelle de la faune (gazelles, outardes, addax) par les militaires escortant les équipes chinoises ;
- La mort de deux (2) jeunes bergers suite à la consommation des produits d’origine chimique incolores contenus dans des bidons jetés en pleine brousse. Une plainte contre X a été est déposée au tribunal de Diffa par la société civile locale
- L’installation à ciel ouvert et à une hauteur non réglementaire des pipelines. Des points de passage destinés aux animaux ont été prévus à chaque intervalle de cinquante (50) Km. Ici, il est utile de préciser que la forme et la taille des radiers installées sont inappropriées et pour preuve les chameaux et les chevaux ayant peur de l’ouvrage refusent de traverser au grand dame des caravaniers ;
- La dégradation de toutes les pistes et routes rurales de la zone par les camions lourdement chargés de CNPC et de ces associés;
- La détérioration systématique des espaces pastoraux causées par les camions et autres engins lourds qui circulent partout et de manière anarchique. Cette présence désorganisée des véhicules de gabaries extra lourd et le vacarme insupportable qu’ils émettent à longueur de journée et de nuit a eu des conséquences dramatiques sur le cheptel et la faune sauvage qui a totalement déserté la zone.
Aujourd’hui les risques sont énormes, le Niger vient à peine de retrouver une stabilité sociale et politique qui mérite d’être consolidée et même renforcée. Fort heureusement, les dirigeants semblent avoir une compréhension claire de la fragilité de cette paix qui par ailleurs n’est jamais un acquis définitif.
Le Président de la 7ème République Issoufou Mahamadou l’a bien souligné dans le message à la nation qu’il a prononcé lors de la commémoration de la journée nationale de la concorde. Tout doit être mis en oeuvre pour que le Niger reste et demeure ce havre de paix et de stabilité. Pour ce faire, une attention particulière doit être portée sur tout ce qui peut compromettre les chances du Niger d’être au rendez vous des nations prospères et gagnantes. En termes claires, toutes les actions qu’elles soient individuelles ou collectives doivent militer en faveur de la cohésion nationale, la stabilité et le progrès.
Eu égard à la nature très explosive du dossier du pétrole et face au contexte particulièrement instable qui prévaut dans certains pays voisins dont la Libye, il est nécessaire de prendre en compte cette réalité que présence désorganisée des véhicules de gabaries extra lourd et le vacarme insupportable qu’ils émettent à longueur de journée et de nuit a eu des conséquences dramatiques sur le cheptel et la faune sauvage qui a totalement déserté la zone. Aujourd’hui les risques sont énormes, le Niger vient à peine de retrouver une stabilité sociale et politique qui mérite d’être consolidée et même renforcée. Fort heureusement, les dirigeants semblent avoir une compréhension claire de la fragilité de cette paix qui par ailleurs n’est jamais un acquis définitif. Le Président de la 7ème République Issoufou Mahamadou l’a bien souligné dans le message à la nation qu’il a prononcé lors de la commémoration de la journée nationale de la concorde. Tout doit être mis en oeuvre pour que le Niger reste et demeure ce havre de paix et de stabilité. Pour ce faire, une attention particulière doit être portée sur tout ce qui peut compromettre les chances du Niger d’être au rendez vous des nations prospères et gagnantes. En termes claires, toutes les actions qu’elles soient individuelles ou collectives doivent militer en faveur de la cohésion nationale, la stabilité et le progrès. Eu égard à la nature très explosive du dossier du pétrole et face au contexte particulièrement instable qui prévaut dans certains pays voisins dont la Libye, il est nécessaire de prendre en compte cette réalité que vivent les populations de la zone concernées par la question de pétrole.
La plupart des jeunes Nigériens issus des zones du Manga ayant séjourné en Libye ont été enrôlés dans l’armée libyenne et ont subi des formations militaires de haut niveau. Si pour certains les motivations tiennent à la nécessité de trouver un emploi quelque soit sa nature, par contre pour d’autres c’est par pure velléité subversive.
Il n’est un secret pour personne, aujourd’hui beaucoup de ces jeunes originaires des zones Est et Nord ont regagné le bercail où ils seront vite confrontés à des sérieuses difficultés de survie et d’intégration dans le reste du tissu social. Ne connaissant aucun autre métier pouvant leur permettre de vivre comme auparavant, ces bras valides pourraient être tentés de se lancer dans n’importe quelles aventures, peu importe la nature.
En outre, l’absence d’un dispositif capable d’aider ces jeunes à s’insérer dans la vie économique n’est pas de nature à favoriser la quiétude sociale durable. C’est pourquoi, il serait souhaitable dans la mesure du possible, que le Président de la République, Chef de l’Etat Issoufou Mahamadou déclenche une démarche inclusive visant à apporter des solutions appropriées à l’ensemble des problèmes qui peuvent nuire à la cohésion sociale dans lesdites zones .
M.I
10 juin 2011
Publié le 06 juin 2011
source : Le Temps

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